samedi 17 décembre 2011

K-Cendres de Antoine Dole

Titre : K-Cendres

Auteur :
Antoine Dole


Editeur : Sarbacane

Collection : Ex'prim (ados)

Prix :
14€

Pages :
185

Date de parution :
7 sept. 2011

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Ma note :




Le résumé :


A 14 ans, Alexandra n'a plus d'horizon. Enfermée dans la cellule capitonnée d'un hôpital psychiatrique, elle ressasse inlassablement les mêmes visions tragiques de l'avenir, photographies torturées que les psychiatres etouffent sous les médicaments. Dix ans plus tard, sur la scène du Zénith de Paris, Alexandra est devenu K-Cendres, rappeuse star aux millions de disques vendus. Véritable phénomène de société, elle défraie la chronique à chaque prestation, déclamant des textes où l'avenir n'est fait que de morts et de souffrance. Visionnaire mystique ou simple fantaisie marketing? Alexandra va découvrir le prix à payer pour devenir l'idole d'un monde sans avenir.
Epopée médiatique d'une prophétesse visionnaire dans un monde de business et d'apparences, "K-Cendres" porte un regard froid et brutal sur l'industrie de la culture de masse, sa violence ordinaire et ses dérives singulières.

Mon avis :


Souvenez-vous, le dernier roman des éditions Sarbacane dans la collection Exprim' que j'ai chroniqué m'avait beaucoup déçu. N'étant pas adepte des plumes hard dans le style, je n'avais pas du tout apprécié  ma lecture et il ne me tardait qu'une chose : terminer le livre et le reposer gentiment dans un coin pour l'oublier. Vous imaginez bien qu'après avoir fait une telle rencontre, j'avais peur de reproduire la même chose avec ce roman.

Dès les premières pages, Antoine Dole nous plonge dans un univers glauque, sombre et mystérieux. Il parvient à retenir toute notre attention avec le premier chapitre qui introduit à merveille l'histoire bien qu'il soit assez violent. Un début assez trash mais qui  nous montre un des différents aspects du roman que l'on découvrira tout au long du livre.
Toujours confronté au même style d'univers que celui de Hamid Jemaï (avec le vocabulaire pauvre, l'ambiance qui met mal à l'aise et la construction des dialogues, mendiante), j'ai donc peiné à tourner les pages. Mais l'histoire avait tout de même l'air intéressante. J'appréciais beaucoup l'atmosphère oppressante donnée au roman qui ajoutait  de la profondeur aux personnages.

Mais même en tenant compte de ces points positifs, cela ne m'a pas suffit. J'ai donc décidé de mettre de côté le préjugé que j'avais pour ce livre en faisant un effort. Pourquoi ? Et bien une partie de moi me susurrait que j'allais passer à côté de quelque chose. Et c'est avec joie et surprise que mes doutes se sont dissipés petit à petit. Eh oui, je ne me suis pas trompé !

Le style est tout ce que je redoutais : dur. Aucune poésie dans cette plume, elle est très sèche. Ce n'est pas tellement un hasard, puisqu'elle entre en parfaite harmonie avec la personnalité des protagonistes et l'ambiance "générale" du roman. Même si j'ai mis de côté ce bémol, je n'oublie pas ma réticence envers cette forme de style . Quelquefois on peut même croiser des abréviations comme prod (pour production) et des mots vulgaires *je laisse libre choix à votre imagination*.Mais une telle puissance émane de l'écriture d'Antoine Dole, que l'on ne peut pas lui rester insensible.

Les personnages sont tout ce qu'il peut y avoir de plus désagréable dans un roman. Noirs, autant dans leurs pensées que dans leur façon de faire. Dès qu'on les rencontre, on sait tout de suite qu'ils ne seront pas nos amis. J'ai été particulièrement révolté, voire ému d'avoir affaire à de tels êtres abominables. La façon dont ils s'y prennent pour exercer un total contrôle sur la Amy Whinehouse du rap pour en faire leur pantin, c'est inhumain et ça ne peut que provoquer une réaction. Voilà le côté très frustrant de ce petit bijou mais il faut bien avouer qu'il ajoute du piment à l'histoire (et implique davantage le lecteur).

L'ouverture vers l'univers de l'auteur est difficile d'accès (pour certaines personnes oui, d'autres non). Cela s'explique par le caractère et la personnalité de chacun. Pour mon cas, n'étant pas un adolescent qui quand il parle, est dans l'incapacité de ne pas aligner un gros-mot dans une phrase, je ne me suis pas retrouvé dans cette perspective du style. Alors que les concernés auront cette complicité qui s'associe avec leur attitude dans la vie courante. En même temps, il s'agit bien là d'un livre adressé principalement aux adolescents, ne l'oublions pas.

Parlons maintenant de Alexandra. Je dois le reconnaître elle m'a fait très peur dès le début. Dans le premier chapitre, notre héroïne se trouve dans un hôpital psychiatrique en compagnie de soutien professionnel. Ces personnes-là lui proposent de réaliser sa thérapie par la musique (pour tenter d'établir un lien avec elle), en faisant exploser les Watts. Mais Alexandra n'est pas du même avis que eux. Elle ira jusqu'à crever ses tympans avec un stylo pour ne plus entendre de son musical... Très flippant non ?

Là aussi il ne faut pas rester sur cette image glauque d'Alexandra. Petit à petit, on apprend à la découvrir avec ses sentiments les plus profonds, sa musique, son univers et ce qu'elle veut faire passer comme message. Elle se moque de l'argent et du succès qu'elle a, ce qu'il l'intéresse c'est que l'on écoute ce qu'elle a à dire. Et ceci, venant d'une star autant médiatisée qu'elle, ça ne peut que nous montrer une autre image du cliché habituel de l'univers des célébrités (en positif).

Étant curieux de nature, j'ai toujours voulu découvrir un ouvrage qui traite de la popularité des stars, c'est un thème qui m'intéresse beaucoup. Je trouve que l'idée de nous montrer l'envers du décor est intéressante. De plus, cela nous permet  de développer un esprit critique envers notre monde actuel et les nombreuses vedettes qui le peuplent. Bien sûr, on le sait tous maintenant, que le monde des paillettes n'est pas si parfait qu'il en a l'air, et ce qui nous permet de voir encore plus loin que notre jugement c'est K-Cendres, tout simplement.

Ce que je trouve dommage dans ce roman c'est que Antoine Dole nous livre un premier chapitre qui se déroule dans le passé de Alexandra mais il ne poursuit pas dans la même trame temporelle ! En découvrant le deuxième chapitre qui lui se situe dans le présent, je m'attendais à avoir une alternance entre le passé et le présent pour que l'on sache au fur et à mesure le pourquoi du comment (vis à vis des réaction de Alexandra étranges, etc.), que l'on puisse vraiment comprendre tout...Eh bien pas du tout !

Les points positifs : le message véhiculé, un sujet traité, intéressant dans l'angle d'où on l'a vu.
Les points négatifs : Le style trop trash, l'ambiance qui peut mettre mal à l'aise et retarder son intrusion dans l'univers de l'auteur, les personnages qui sont tous pareils dans leurs agissements et jugements.

La fin m'a bouleversé. Il m'a fallu du temps pour m'en remettre, elle est tellement saisissante et prenante que j'ai eu du mal à m'en défaire. Comblée d'émotions, elle fait vibrer et c'est ça qui m'a plu. Le seul reproche que j'ai envers ce final surprenant, c'est que tout ce qui s'y passe reste flou. De plus, on a tendance à se poser des questions sur ce que devient réellement K-Cendres mais on n'en sait pas plus. Il reste toujours également le passé de Alexandra toujours en surface...

Mais ce qui me touche au plus profond de moi mes cordes sensibles c'est le message que véhicule ce roman. Aborder une thématique telle que le succès d'une star, forcément on se doute que l'on aura un aperçu de l'envers du décors de la vie d'un artiste. Mais on ne s'attend pas à un tel désastre ...  L'héroïne devient une réelle victime de ses collaborateurs que doucement elle fait sa descente aux enfers et gît sur le sol en agonisant, les lèvres amochées, le visage livide et une expression profonde qui appelle à l'aide. Rien  que d'y repenser ...j'en verse des larmes brulantes.
 Je ne pense pas qu'il y ait de tels cas dans notre monde, ou peut-être si mais pas autant. Ce roman c'est une caricature de ce que l'on peut trouver derrière les projecteurs. Pour le croire il faut le voir et c'est en lisant ce livre que vous penserez la même chose que moi sûrement.

En conclusion, K-Cendres est un très bon roman adressé principalement aux adolescents qui nous permet d'avoir une autre vision des choses de la vie d'un artiste avec ses déboires et tout le reste... Malgré le style que je n'ai pas très apprécié (puisque moi et le caractère vulgaire ça ne colle pas), en faisant abstraction de ce détail j'ai su apprécier ce roman à sa juste valeur et il m'a fait passer le message que je désirais recevoir. K-Cendres ne restera certainement pas un vieux vestige, il m'a laissé des marques.

Un très beau roman d'ado' qui laisse des marques !

3 commentaires:

  1. Il a l'air d'être marquant et intéressant mais il ne m'attire pas plus que ça. Je crois que je vais passer mon tour pour cette fois, même si tu m'intrigues avec la fin du roman :D

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  2. @clairdelune : Oui, marquant et intéressant comme tu dis ! La fin fait quand même flipper mais j'ai bien aimer ce roman et je pense que tu as peut-être raison de passer à côté (si tu n'aimes pas la littérature urbaine ou que t'as du mal avec, comme moi ;) ). Gros Bisous, et passe de bonnes fêtes de fin d'année !

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  3. Bon, tu me rassures :P
    Bisous et bonne année 2012. Sois heureux et en bonne santé !! :D

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