dimanche 13 mai 2012

Trilogie Noire, tome 1 : Karl de Martial Caroff

Nom de la saga : Trilogie Noire

Titre : Karl (tome 1)

Auteur : Martial Caroff

Editeur : L'Archipel (coll. Galapagos)

Date de parution : 7 mars 2012

Pages : 200

Prix : 14,95€

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Mon ressenti :





Le résumé : 


Vaison-sur-Marne, dans le 9-4. Un matin d'automne, Karl, lascar flirtant avec la délinquance, traverse le marché en compagnie de ses deux potes Mo et Tony. Et se retrouvent bientôt au commissariat. Karl y rencontre Ronan, fils de flic d'origine bretonne, mal dans la capitale, bien dans ses rêves. Puis sa route croise celle de Layla, fille d'une sculptrice libanaise et d'un riche marchand d'art parisien. Le hasard mènera ces trois-là dans les rues de Vaison. Dans un piège où ils se heurteront à des caïds, à leurs lieutenants et à une nuée de jeunes démons...
Ils n'auront que quelques heures pour en sortir.

Mon avis :

Ce premier tome de la série Trilogie Noire écrit par Martial Caroff innove par rapport aux autres ouvrages de la collection Galapagos des éditions L'Archipel puisque jusqu'ici, il n'était question que de fantasy, fantastique et historique et non de littérature urbaine comme dans ce livre ci. Vous devez sûrement le savoir depuis maintenant, moi et les romans qui sont bourrés de grossièretés ça fait deux. Il ne m'était jamais arrivé de ressortir d'une lecture de ce genre avec un avis très positif... jusqu'à aujourd'hui !

Ce roman est une pure et véritable révélation pour moi. Je ressors de cette lecture presque conquis, avec une envie irrépressible de me jeter sur le tome 2 ! Dans ce premier opus, on trouve tout un cocktail d'ingrédients frais. Entre amitiés, trahisons, ruptures, espoirs et noirceur, le lecteur ne peut être que bouleversé en ressortant de cette aventure rocambolesque.

Dès les premières pages, comme pour chaque roman issu du monde urbain, j'ai eu beaucoup de mal à m'adapter au langage vulgaire que l'on rencontre assez souvent. Entre les mots en verlan (que je ne comprenais qu'à moitié), les mots inventés (qui n'étaient pas forcément expliqués) et les gros mots (qui me freinaient), je peinais à tourner les pages. En plus de cela les personnages de départ donnent pas franchement bonne impression (notamment le trio avec les deux potes de Karl). Avec leur façon de parler, de penser et leur caractère de merdeux (surtout lorsqu'on voit ce que certains sont prêts à faire pour de l'argent - détrousser une vieille femme par exemple -) ils n'inspirent que de la répugnance. Mais très rapidement, on peut voir que parmi ce trio de "choc" (c'est le cas de le dire), une personnalité sort du lot : c'est celle de notre "héros", Karl. Sa présence est une bénédiction absolue et je ne le remercierai jamais assez ; il exerce sur le lecteur une sorte de magnétisme qui le convainc à 100% de ne pas s'arrêter là, alors que l'aventure commence à peine.

Le style de l'auteur est très hétéroclite, et c'est justement ce qui fait plaisir à lire. ! Une petite liste où sont répertoriées ses différentes tonalités vous dévoilera mieux l'étendue de sa palette :

Simple et fluide : certains passages narratifs sont très classiques d'un roman et donc faciles à comprendre.
Complexe et moins fluide : à cause des passages très descriptifs, (qui parfois alourdissent le rythme de narration). Chose surprenante dans un roman adressé aux 13 ans et plus.
Et enfin, hard et "gros mots-eux" : avec les gros mots et le verlan dans les dialogues, pas toujours facile à décrypter.

J'ai également été très surpris par certaines descriptions lorsque le degré du style était réglé au niveau "complexe et moins fluide". Je les ai trouvé beaucoup plus difficiles à comprendre ; elles imposent au lecteur de prendre du temps pour bien les saisir et pour se repérer dans l'univers.

Que l'on soit bien d'accord, le côté descriptif "complexe" de ce livre est en totale contradiction avec son genre. Mais... on ne sait pas vraiment pourquoi, cette spécificité qui vient de la plume de l'auteur s'accorde en parfaite harmonie avec les personnages et les situations ; les descriptions sont bien dosées pour chaque degré différent du style à chaque moment propice ; un très bon point.

L'univers prend environ cinquante pages à s'implanter (ce qui peut vite agacer les personnes impatientes comme moi) mais cela se justifie lorsque l'on passe à l'histoire : on constate alors que le temps passé par l'auteur à nous décrire son univers n'était pas vain.

Les personnages sont divisés en deux catégories : d'un côté ceux qui ont des parents avec une situation financière assez modeste, de l'autre ceux qui vivent dans les cités et qui  sont donc financièrement instable. Ce que l'on peut remarquer immédiatement une fois après avoir terminé ce roman c'est cette collision entre ces deux statuts sociaux qui sont eux aussi très contradictoires ; c'est donc un véritable melting-pot que nous propose ici l'auteur, et la sauce prend ! Les "riches" côtoient les "pauvres", et les "pauvres côtoient les "riches". On est dans une exactitude de contradiction similaire avec celle du style. Et c'est justement aussi le fait que le style s'adapte à chaque personnage avec son langage, ses mœurs, sa personnalité que ces contradictions confirment bien que "les opposés s'attirent"... dans un sens plus livresque bien sûr.

Karl, le personnage phare de ce premier tome est lui aussi très contradictoire dans tous les sens du terme. Entre ce qu'il fait, ses amis, ses pensées, sa personnalité et son tempérament, tout laisse penser une fois qu'il nous a été présenté que cette image de "gars de la cité" qui le poursuit partout (même à son lycée) n'est qu'un pur et véritable cliché. Un parfait portrait stéréotype que ses professeurs et ses camarades dressent de lui, chose qui le décourage entièrement d'aller en cours depuis longtemps.
Un personnage qui est également perdu sur tous les points de vue vitaux : social, familial et même amical. Sa personnalité est difficile à analyser, il est taciturne et vit très souvent dans son univers cérébral avec ses pensées.
Bien qu'il ait des amis, ceux-ci importent peu à ses yeux ; il envisage même de les quitter (c'est dire!) à un moment donné à cause de toutes ces "conneries" qu'ils n'arrêtent pas de faire et qui lui rapportent donc des ennuis. Enfin, il y a également un manque d'affinités à l'état pur qui se ressent très intensément.

Les points positifs : la richesse du style de l'auteur, l'univers qui prend le temps de s'implanter, les personnages qui ne sont pas séparés en deux catégories bien distinctes puisque les deux statuts sociaux "riches" et "pauvres" se fréquentent tout au long du roman, un antihéros très intéressant à découvrir qui brise tous les clichés sur les "mecs de cité".
Les points négatifs : les descriptions sont parfois lourdes à subir pour le rythme de narration et l'attente du tome 2 est horrible ; je veux la suite !

Digne d'un film thriller, la fin est à glacer le sang : haletante, prenante et stressante ! Suspense et course-poursuite garantis avec tous les effets spéciaux ! Une magnifique conclusion à ce premier tome que j'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir.

Et après avoir été tant enthousiasmé tout au long de ma lecture de ce premier volume, je ne demande qu'une chose : le tome 2 ! J'ai vraiment hâte de le découvrir (surtout après avoir lu le petit extrait très prometteur donné à la fin du livre). Apparemment, Layla, une amie du nouveau trio des "vrais" friends de Karl va se retrouver dans une passade très sombre ; vivement l'automne 2012 ! 

En conclusion, ce premier tome est une pure et véritable révélation pour moi. C'est le tout premier livre urbain que j'ai autant adoré lire. Le style est très riche (grâce aux différents degrés utilisés), l'univers ne prend qu'une infime partie du début du livre à s'implanter (ne vous laissez pas décourager par cela, ça n'apporte que du bon au final !). Les personnages se retrouvent tous dissociés au bout d'un certains temps et s'entrechoquent, malgré leur différent statut social.

Cette lecture m'a permise de franchir un très grand pas sur ce qui pourrait bien m'encourager à multiplier les aventures livresques de ce genre comme j'ai pu le faire avec ce livre.

Un excellent premier tome !

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